

François L’Yvonnet, professeur de philosophie, éditeur Date : 15/08/2019 Lieu : CCIC Cerisy Durée : 54:18 | ![]() |
Cette communication a été prononcée dans le cadre du colloque intitulé Jean Baudrillard, l'intelligence du temps qui vient qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 9 au 16 août 2019, sous la direction de Françoise GAILLARD et François L'YVONNET.
Pour comprendre notre monde dont sa lucidité a anticipé l'avènement, que ce soit sur la question du terrorisme, de la disparition du réel sous l'effet d'une virtualisation galopante, du passage au-delà du vrai et du faux, il est plus que jamais nécessaire de lire ou de relire l'œuvre de Jean Baudrillard. Notre entrée dans l'univers numérisé et de la réalité augmentée confirme en effet les intuitions quasi prophétiques développées dès 1976 dans L'échange symbolique et la mort. Et pourtant Jean Baudrillard n'est pas un auteur de science-fiction. C'est un philosophe, un sociologue, un écrivain doublé d'un photographe. Si sa pensée présente un caractère prédictif et anticipe le devenir, c'est qu'elle pousse la logique des processus jusqu'à leur point extrême...
François L'Yvonnet est professeur de philosophie et éditeur. Il est membre du conseil scientifique de la chaire "Edgar Morin de la Complexité" à l'ESSEC, également membre associé de la Chaire sur l'Altérité à la Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH).
Résumé de la communication
Entrer dans la pensée de Jean Baudrillard n'est pas chose aisée. Non que sa langue soit particulièrement difficile, elle évite au contraire la prose jargonnante qui faisait naguère florès. Si son discours peut paraître parfois elliptique, c'est qu'il obéit à une logique singulière qui sous-tend l'ensemble de sa pensée. Même il s'est bien gardé de l'exposer explicitement. Quant à son œuvre, elle peut sembler déroutante : elle commence par des textes de facture classique (qui aujourd'hui encore sont des références sociologiques ou anthropologiques), avant d'adopter la forme brève, celle du fragment ou de l'aphorisme.
On n'entre pas dans la pensée de Jean Baudrillard comme dans un moulin. Il faut accepter de se laisser désorienter, de perdre ses repères théoriques. Il faut prendre la mesure de l'audace de sa pensée. L'audace, c'est le courage de la pensée. En somme, il faut "oser", comme nous le recommandait déjà Platon, dans le Sophiste.