

Vassili Rivron, sociologue Structure de recherche associée à la MRSH : CERREV Date : 14/05/2019 Lieu : MRSH Caen Durée : 53:15 | ![]() |
Cette communication a été enregistrée lors d'une séance du séminaire Dominations, Inégalités, Vulnérabilités (DIV) du Centre de Recherche Risques et Vulnérabités (CERREV), consacrée aux intersectionnalités.
Vassili RIVRON, a une formation en sciences politiques, anthropologie et sociologie. Ses différents terrains de recherche (Brésil, Cameroun, France) convergent dans une anthropologie des médiations entre techniques de communication (livre, radio, informatique connectée), groupes d’appartenances (nation, ethnie, classe) et imaginaires culturels. Il est actuellement maître de conférences au CERREV (Université Caen Normandie).
Résumé de la communication
La spectaculaire valorisation symbolique du Brésil comme nation tout au long du XXe siècle est passée par l’élaboration d’un imaginaire politique où le stigmate d’une race métissée perçue comme inférieure ou dégénérée est remplacé par l’emblématisation de formes culturelles revendiquant l’hybridité à l’oeuvre dans le processus de formation d’un peuple. Le processus simultané d’individuation culturelle et d’accès à un idéal universel de nation s’opère, de façon singulière, par la production d’une culture qui, quoique perçue comme populaire et ancrée dans des traditions hétérogènes, résulte pourtant de pratiques et référents nouveaux, élaborés dans le cadre d’une industrie culturelle émergente.
Loin des projections formulées par les intellectuels du début du XXe siècle, la genèse d’une musique populaire “authentiquement nationale” s’est en fait cristallisée sur des formes identifiées comme “noires” (la samba), qui se sont vues reconnues autant au sein d’un marché et d’un État nationaux en formation, qu’au niveau international. Pourtant, la sociologie des acteurs de ce processus — observés à partir de deux moments clés de l’affirmation culturelle brésilienne : l’âge d’or de la radio (années 1930-50) et l’émergence d’une industrie du disque (années 1950-60) —montre comment les effets combinés de reproduction sociale et symbolique des hiérarchies racialisées permettent l’élaboration d’une production musicale extrêmement sophistiquée, qui prône le métissage mais ne valorise pas socialement le métis.