

Auteur : Maryse Delaunay-El Allam Date : juillet 2017 Structure de recherche associée à la MRSH : LPCN |
Les difficultés alimentaires sont très fréquentes chez l’enfant et augmentent à partir de 2–3 ans même lorsque les enfants conservent un Indice de Masse Corporelle (IMC[1]) dans la norme. L’enquête régionale Alimencrèche a pour objectifs de dresser un état des lieux de l'ensemble des difficultés alimentaires manifestées par les enfants entre 2 et 5 ans et de renseigner les relations entre les conduites alimentaires des enfants et divers facteurs de risques ou de protection (médicaux, psychologiques, sociaux, éducatifs).
L’enquête a été menée en ligne et diffusée au cours du printemps 2017 grâce au soutien des directions des services de l’éducation nationale, du CCAS de Caen, de la PMI du Calvados, de nombreuses directions d’écoles maternelles et de crèches du Calvados et de la Manche, des services de néonatalogie et de maxillo-faciale du CHU de Caen et du réseau périnatalité de Basse Normandie. Les premiers résultats portent sur un échantillon de 117 répondants, pour la plupart des mamans (12 papas ont répondu tout de même). Ils révèlent que plusieurs difficultés sont rencontrées et s’illustrent à travers une appréhension à goûter tout aliment nouveau, des préférences restreintes qui rendent l’enfant sélectif, un manque de plaisir à manger, ou une restriction alimentaire globale, une hypersensibilité sensorielle, des oppositions, une peur de déglutir ou encore une tendance à manger différemment dès qu’un mal-être se fait ressentir.
Le niveau de difficultés alimentaires global n’est pas lié à l’IMC. Les enfant désignés comme les plus "petits mangeurs" ont un IMC plus "mince", alors que ceux qui prennent plus plaisir à manger ont un IMC plus important. Nous remarquons aussi que le niveau de difficultés alimentaires est corrélé à des facteurs psychologiques et éducatifs parentaux. Par exemple, plus l’enfant manifeste de difficultés, plus le parent a tendance à tenter de le persuader de manger (en lui répétant qu’il faut manger), et surtout, plus l’enfant est difficile, plus le parent lui impose des contraintes fortes (en grondant, en le punissant, en lui imposant de finir l’assiette ou de se dépêcher). De telles contraintes ne favorisent pas le plaisir à manger et donc une prise alimentaire équilibrée.
Les enfants accueillis en structure collective apparaissent avoir plus de difficultés alimentaires que les enfants gardés à domicile ou par une nourrice. Ils semblent plus sélectifs, et refusent plus souvent de goûter à des aliments nouveaux. Cette différence mérite explication, mais il n’est pas impossible que les enfants accueillis en collectivité mangent bien au moment des repas collectifs et se montrent plus difficiles au moment des repas à domicile.
Nous remercions vivement les parents qui ont pris le temps de participer à l’enquête. Ce travail nécessite un nombre de réponses plus conséquent et continuera donc l’an prochain avec d’autres modalités de recrutement.
Pour l’équipe Alimencreche,
Maryse Delaunay-El Allam, Maître de Conférences en Psychologie