

Régine Bonnefoit, professeure d'histoire de l'art Institut d'histoire de l'art et de muséologie - Université Neuchâtel Structure de recherche associée à la MRSH : ERLIS Date : 02/06/2017 Lieu : Amphi MRSH Caen Durée : 28:53 | ![]() |
Cette communication a été enregistrée dans le cadre du colloque intitulé Jardin et mélancolie organisé par l'équipe de recherche ERLIS les 1 et 2 juin 2017 à la MRSH de Caen, en collaboratino avec l'Institut Européen des Jardins & Paysages.
Régine Bonnefoit a étudié l’histoire de l’art européen et extrême-oriental à Francfort-sur-le-Main, Paris et Heidelberg. Elle a obtenu son doctorat à l’Université de Heidelberg (1995) et son habilitation à celle de Passau (2006). Elle a été collaboratrice scientifique au Département des Arts graphiques du Musée du Louvre, assistante-conservatrice au Département de Sculpture des Musées de Berlin, puis maître-assistante à la Section d’histoire de l’art de l’Université de Lausanne. Depuis 2008, elle est professeure à l’Institut d’histoire de l’art et de muséologie de l’Université de Neuchâtel. Elle a été commissaire de nombreuses expositions et est l’auteure de nombreux ouvrages et articles dont Paul Klee. Sa théorie de l’art (Lausanne 2013) et Die Linientheorien von Paul Klee (Petersberg 2009). Elle a codirigé la publication d’un ouvrage collectif sur l’usage muséographique des techniques numériques, The Museum in the Digital Age: New Media and Novel Methods of Mediation (Cambridge, à paraître en 2018).
Résumé de la communication
Klee (1879–1940) est connu pour ses innombrables représentations de jardins et de plantes ornementales. Des titres d’œuvres comme L’art du jardin (1924), Vision d’un jardin (1925), Jardin classique (1926), Planter d’après des règles (1935) témoignent de son grand intérêt pour l’art de l’horticulture. La répétition rythmique des plantes stylisées dans son tableau Roseraie (1921) ou dans son dessin Horticulture (1925) sous-tend l’apparition d’une écriture secrète ou d’une partition musicale. Nombreux sont les titres, notés systématiquement par l’artiste sous chaque œuvre, qui attribuent aux plantes un tempérament propre, une âme ou un « visage » : Fleurs en deuils (1917), Visage d’une fleur (1922), Physiognomonie d’une fleur (1922), Physiognomonie d’une plantation (1924), Roses héroïques (1938). Particulièrement intéressé par la vie sexuelle des plantes, Klee décrit dans son dessin Plantes passionnées (1917) des modes de comportement spécifiquement masculins ou féminins. L’artiste avait pu se procurer, dans la bibliothèque de son père, le recueil de poésie didactique de Wilhelm Bölsche La vie amoureuse de la nature (1898–1901), qui voyait dans l’amour la loi suprême de la nature. Le thème de la physiognomonie des plantes peut se prévaloir d’une longue tradition, puisque l’œuvre Nanna ou des âmes des plantes de Gustav Theodor Fechner paraissait en 1848 déjà. On y trouve des chapitres sur le « Caractère des plantes », la « Mort et souffrance des plantes » et « En savoir plus sur la constitution de l’âme des plantes ». Lors d’un cours au Bauhaus de Weimar, Klee demanda à ses élèves de construire des plantes fantaisistes à partir d’une forme originelle, ce qui révèle une très nette affinité avec Goethe et sa recherche de l’« Urpflanze » (plante originelle). À Weimar, Klee se trouvait sur le lieu même des activités du grand poète, ce qui lui permit de s’informer in situ, notamment au Musée national Goethe sur ses recherches.