

Auteur : Camille Varnier Date : août 2013 Structure de recherche associée à la MRSH : ESO-Caen |
Cette photographie a été prise le 30 août 2013 dans le cimetière du Cuadrado en plein centre-ville de Maracaibo au Venezuela. Elle montre un rituel d’exhumation d’un corps d’un indigène guajiro, peuple d’origine arawak qui vit sur la péninsule de la Guajira située entre la Colombie et le Venezuela. Dans la tradition de ce groupe amérindien, le rituel funéraire est réalisé en deux temps et sur deux espaces. Un premier enterrement a lieu dans un cimetière proche de l’ancien lieu de vie du défunt. Puis une dizaine d’années plus tard, les Guajiros procèdent à l’exhumation des restes du corps dans le but de les transférer dans un cimetière du matriclan au sein du territoire ancestral de la Guajira. Il convient de respecter la coutume ancestrale : « Shüpüshe wayuu tü kasakaa ananü kottiraainjatü » : « les restes de la famille doivent être ensemble ». Ce deuxième enterrement est un moyen de réaffirmer leurs origines et leur culture. Il permet également, au travers de la mort, de renforcer le sentiment d’appartenance à un même groupe social. Les femmes jouent un rôle important dans ce rituel.
Les Guajiros ont traditionnellement un mode de vie semi-nomade. Aujourd’hui, une partie d’entre eux réside principalement à Maracaibo pour des raisons économiques mais continue d’effectuer de très nombreux déplacements dans la Guajira et en Colombie. Ils adoptent les pratiques de la société urbaine de consommation mondialisée tout en conservant des traits culturels très anciens et ruraux. Sur cette photographie par exemple, deux personnes filment avec leurs téléphones portables le rituel d’exhumation. Cela témoigne parfaitement de l’émergence d’une société de « l’entre-deux », prise au sein d’un processus d’acculturation.
Camille Varnier effectue sa thèse de doctorat sur la géographie des cimetières au Venezuela, au Mexique et au Chili pour montrer les changements sociaux et culturels de plusieurs groupes amérindiens.