Cette communication a été prononcée dans le cadre du séminaire Villes et sciences sociales de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines, séminaire intitulé pour l'année 2015-2016 Villes-monde et mondialisations urbaines.

Pierre Bergel est professeur de géographie à l'université de Caen Normandie. Brahim Benlakhlef est maître de conférences en géographie à l'ENS de Constantine (Algérie) et membre associé du laboratoire ESO-Caen.

Résumé de la communication

Comment le commerce transnational transforme les vies citadines

On associe couramment la mondialisation aux firmes multinationales ou aux grands organismes internationaux tels le FMI, la Banque Mondiale, l’OCDE. Or, dans les pays du sud, il existe aussi une « mondialisation par le bas » qui concerne des individus et des petits groupes, souvent liés par des rapports de parenté. La communication qui suit étudie ce second type de mondialisation économique, ainsi que ses effets sur les petites villes de l’est algérien.

Dans ces villes de quelques dizaines de milliers d’habitants, des groupes d’« aventuriers » se sont lancés dans l’importation de marchandise chinoise (vêtements, chaussures, informatique, etc.) à partir des années 1990. Négociant d’abord avec des intermédiaires de proximité (Libyens, Égyptiens), ils se sont ensuite directement adressés aux fournisseurs chinois afin d’abaisser leurs coûts de revient. Des routes commerciales mondiales se sont ainsi dessinées entre la Chine et l’Afrique du nord, faisant étape à Dubaï, dont la place commerciale et portuaire revêt une importance centrale.

L’ouverture mondiale a profondément transformé les petites villes étudiées. Des constructions nouvelles ont fleuri le long des axes principaux, le trafic des chalands s’est multiplié, transformant des cités paisibles en centres commerciaux actifs à l’échelle régionale ou nationale. Sur le plan socio-économique, des familles de « nouveaux riches » sont apparues, amassant de véritables fortunes en quelques années.