

Date : 04/07/2015 Lieu : CCIC Cerisy Durée : 37:17 | ![]() |
Cette conférence a été donnée dans le cadre du colloque intitulé "Quelles transitions écologiques ?" qui s'est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 30 juin au 10 juillet 2015, sous la direction de Dominique BOURG, Alain KAUFMANN et Dominique MÉDA.
Actes du colloque
L'âge de la transition. En route pour la reconversion écologique
Dominique Bourg, Alain Kaufmann, Dominique Méda (dir.)
Éditions Les Petis matins / Institut Veblen — 2016
ISBN : 978-2-36383-221-4
Présentation du colloque
Comme par une malédiction, les mots de l’environnement souffrent d’une obsolescence quasi originelle. À l’occasion déjà de la toute première journée de la Terre, le 22 avril 1970, de grandes sociétés comme Monsanto ou Dow Chemical faisaient partie des organisateurs. Ainsi, le développement durable est assez rapidement devenu une sorte de tarte à la crème légitimant paradoxalement diverses tendances écologiquement délétères de nos sociétés. Qui n’est pas aujourd’hui un fervent partisan du développement durable ou de la transition écologique? D’où le titre de cette décade avec son pluriel accompagné d’un point d’interrogation...
Présentation de l'intervenante
Agrégée, docteur et HDR en philosophie, Corine Pelluchon est spécialiste de l'œuvre de Léo Strauss et de philosophie morale et politique, Professeure à l'université de Franche-Comté elle consacre une grande partie de ses recherches et de son enseignement aux questions d'éthique appliquée (éthique médicale et biomédicale, éthique animale et éthique environnementale).
Résumé de la communication
Les éthiques environnementales reprochaient aux philosophies de la liberté de concevoir l’environnement comme un simple décor de l’histoire. Pourtant, elles n’ont pas su articuler l’écologie à une philosophie de l’existence ni rénover la démocratie. Cette double tâche constitue le défi de la philosophie de l’environnement aujourd’hui. Celle-ci prend ici la forme la forme d’une phénoménologie du "vivre de" qui s’appuie sur la matérialité de l’existence et la corporéité du sujet, soulignant l’importance de la spatialité et de l’habitation qui est toujours une cohabitation avec les autres hommes et avec les autres espèces. Il est question non de ressources, mais de nourritures, qui désignent tout ce dont nous vivons. Un tel point de départ modifie le sens de l’éthique et de la justice. Non seulement elles ne se bornent pas aux relations entre les hommes actuels, mais, de plus, notre rapport aux nourritures est le lieu originaire de l’éthique. De même, la justice désigne le partage des nourritures et se distingue des théories distributives. Enfin, à partir du moment où l’on reconstruit l’association civile sur un sujet qui "vit de", on comprend que le contrat social ne peut plus être structuré exclusivement par la conciliation des libertés et des intérêts individuels. D’autres objectifs comme la préservation d’un monde habitable entrent dans la définition du bien commun.