

Jean-Louis Fournel , Professeur en études italiennes Université Paris 8 - UMR 5206 TRIANGLE Structure de recherche associée à la MRSH : Empire ibérique Date : 15/06/2012 Lieu : MRSH Durée : 1:10:07 | ![]() |
Cette conférence a été enregistrée dans le cadre du programme pluridisciplinaire de la MRSH Le temps de l'Empire ibérique.
Né à Saint-Etienne le 14 avril 1959, Jean-Louis Fournel a effectué des études de littératures et d'histoire italienne de la Renaissance à l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud (1979-1986) et à l'Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III où il a soutenu en 1989 une thèse de doctorat sur le sujet suivant "Les dialogues de Sperone Speroni : libertés de la parole et règles de l'écriture". Maître de conférences puis professeur au département d'études italiennes de l'Université Paris 8, il est membre de l'UMR 5206 Triangle et du Laboratoires d'études romanes de l'Université Paris 8. Il a publié en collaboration avec Jean-Claude Zancarini plusieurs traductions commentées de Machiavel (Le Prince, PUF, 2000), Guicciardini (Histoire d'Italie, 2 volumes, Bouquins Laffont, 1996 ; Ecrits politiques, PUF, 1997; Avertissements politiques, Le Cerf, 1988) et Savonarole (Sermons, écrits politiques et pièces du procès, Le Seuil, 1993) ainsi que Les guerres d'Italie. Des batailles pour l'Europe (Gallimard, 2003) et deux essais La politique de l'expérience. Savonarole, Guicciardini et le républicanisme florentin (Edizioni dell'Orso, 2003) et La grammaire de la république. Langages de la politique chez Francesco Guicciardini (Droz, 2009). Il vient de publier La cité du soleil et les territoires des hommes. Le savoir du monde chez Campanella (Paris, Albin Michel, 2012).
Résumé de la communication
Penseur libre et croyant intransigeant, Tommaso Campanella (1568-1639) passa presque la moitié de sa vie dans les prisons du roi d'Espagne et des papes. Souvent, on ne retient de lui qu'une brève utopie, la Cité du soleil. Son œuvre va bien au-delà. Depuis son cachot napolitain, Campanella s'efforça de penser un monde que Colomb, Luther et Machiavel obligeaient à voir sous un jour nouveau. Témoin de la première mondialisation moderne, il chercha à fonder l'humanité à venir sur un nouvel équilibre des territoires. L'Europe, la Chrétienté et l'empire hispanique, mis à l'épreuve des rivalités politiques et de l'expansion coloniale s'y inscrivaient dans un projet nouveau, visant à réunir les lieux habités. Loin d'être une irréalité, son utopie est une géosophie, voyage de l'esprit et savoir du monde dans un présent à inventer, où se déploie la volonté libre des hommes et de chaque homme. Refusant de se limiter aux modèles politiques hérités de l'Antiquité ou de se résigner au jeu des équilibres armés, Campanella propose à ses contemporains d'écrire une histoire globale qui ne soit pas celle de la tyrannie, condamnée à étendre sa domination en Europe, ou de la colonisation, qu'il voit alors transformer le monde par la conquête. Son interrogation s'adresse aussi aux lecteurs d'aujourd'hui : comment imaginer un monde cohérent qui laisse place à la diversité des territoires des hommes ?